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Presse Libanaise

L'Orient Le Jour - N° 11042 du 16 avril 2004

RENCONTRE - Un lecteur public français en tournée au Liban

Marc Roger, la voix des livres...

Photo Michel SayeghSur le visage de Marc Roger - la trentaine, de fines lunettes ovales cerclées de noir - on peut lire, comme dans un livre ouvert, sa passion pour la... lecture. Une passion dont il a fait sa profession. En effet, Marc Roger est un lecteur public. C'est-à-dire qu'il lit dans les bibliothèques, les écoles, les maisons de retraite, les théâtres, les cafés, etc. Mais aussi sur les chemins de France et... des pays de la Méditerranée, qu'il parcourt depuis octobre 2003, avec femme, enfant et sac rempli de livres.

Lecteur «marathonien», il affirme que son périple - qui devrait prendre fin en octobre 2004 - décuple les effets de la littérature, car, dit-il, «ouvrir un livre, c'est déjà s'apprêter à voyager». Double dépaysement donc, lorsque, comme lui, on voyage «à pied, mis à part quelques étapes en 4x4 ou par voie maritime» à travers un pays, comme à travers les écrits de ses auteurs. Car, de la France à la Libye (sa dernière étape) en passant par l'Italie, la Croatie, la Turquie, le Liban et l'Égypte (où il rêve de donner une lecture dans la grande bibliothèque d'Alexandrie), Marc Roger puise dans le fonds littéraire de chaque pays les récits et courtes nouvelles qu'il lit à ses divers auditoires. Il a, par exemple, sélectionné pour ses lectures en terre libanaise des textes d'Amine Maalouf, d'André Chedid, de Hanane el‑Cheikh, de Gibran Khalil Gibran, mais aussi de Federico Garcia Lorca et de Mohammed Choukri, un écrivain maghrébin.

Arrivé de Turquie, au début du mois, il a déjà parcouru une bonne partie du pays du cèdre, où il a donné des séances de lecture aussi bien dans un café à Tripoli, qu'au Clac (bibliothèque publique) à Amioun, au Centre culturel français de Jounieh, ou encore... perché sur une branche d'avocatier dans le jardin de l'association écologique T.E.R.R.E. Liban à Baabda... Et ce n'est pas fini, puisqu'il va poursuivre son itinéraire libanais jusqu'au 27 avril (voir l'encadré ci‑joint).

Passeur de mots

Les livres, les mots, l'écriture ont toujours fait partie de l'univers de Marc Roger, qui a commencé par se lancer dans la poésie. «Pendant une dizaine d'années, j'ai écrit des poèmes, des textes très oralisés que je défendais sur scène. La directrice d'une maison de retraite, où j'avais été donner un spectacle poétique, m'a proposé de faire la lecture à ses pensionnaires. J'ai tenté l'aventure. À la fin de la première séance de lecture, en octobre 1992, une femme aveugle m'a dit avec beaucoup d'enthousiasme : "Quand est-ce que vous revenez ?". Ça a été pour moi comme une sorte de révélation. Le public avait manifestement apprécié et moi j'avais éprouvé du plaisir à être dans la lecture des autres. Depuis, je suis devenu un " passeur de mots" et je n'ai plus lâché cette activité inépuisable.»

Une idée partie du Liban

Il commence par élargir son public, se dirige vers les scolaires, les bibliothèques... Puis, en 1996, il crée l'association La voie des livres pour se lancer dans un tour de France à pied, ponctué évidemment de lectures dans les villages où il passait. «J'ai ainsi fait quelque 5 000 kilomètres.» Cette tournée médiatisée lui a valu d'être invité au Salon lire en français et en musique de Beyrouth, en 2000.

«Là, il y a eu un accueil extraordinaire. J'ai découvert un public gourmand de lecture. J'ai été invité à nouveau l'année suivante. Ça a été le même .succès, la même envie de partage des mots, d'histoires. Je me suis dit que cela devait être ainsi tout autour du bassin méditerranéen. D'où l'envie d'en faire le tour avec mes livres.» La préparation lui prend deux ans, au cours desquels il recherche des textes d'auteurs des pays sur son trajet. Des écrits, traduits en français bien entendu, et plus ou moins adaptés aux différentes étapes et préoccupations de ses auditoires. Seule règle d'or : «Je recherche toujours dans la lecture à voix haute la musique des mots, leur sonorité, même si je ne lis plus de poèmes ou très peu. ll faut qu'il' y ait une harmonie entre la bouche et l'oreille.»

Lecteur et non pas conteur, Marc Roger n'a pas besoin de mise en scène, de décor, de lumières ou d'accompagnement musical. Pas même de micro. «Je fais juste en sorte que les gens soient placés en demi-cercle tout autour de moi. Ce qui crée une ambiance conviviale et une certaine interactivité. Car j'aime que mon public me pose des questions, exprime son point de vue. Je m'arrange toujours pour faire parler les gens.» Le texte fera le reste : «Je choisis un court récit, une nouvelle qui frappe fort, ou alors un chapitre de roman qui donne tous les tenants et aboutissants de l'histoire», affirme en conclusion celui qui donne une voix aux livres.

Zéna ZALZAL

Itinéraire et étapes au Liban

Poursuivant sa tournée au Liban, Marc Roger sera à Saïda, aujourd'hui, vendredi 16 avril, à 15h, au Centre culturel Maarouf Saad. À Nabatieh, lundi 19 avril, de 10h à 12h, à la Bibliothèque publique (Kamel Youssef Jaber) puis à Hasbaya, de 16h30 à 18h, au Centre de lecture et animation culturelle. Le mardi 20 avril, il se rendra à la Bibliothèque publique de Rachaya, de 16h à 17h30. Le mercredi 21 avril, il sera à la Bibliothèque publique de Hammona, de 17h à I 8h30 Le jeudi 22 avril, de 16h30 à 18h, à la Bibliothèque associative de Aley. A Beyrouth : les vendredi 23, à la Bibliothèque d Assabil de 16h à 18h30 ; samedi 24 au Clac de Haret Hreik de 1 1h à 12h ;lundi 26 (à l'Orphelinat islamique à 10h et à l'Université arabe à 15h) et mardi 27 avril, à l'Université libanaise.